Les espaces coutumiers - Vice-rectorat de la Nouvelle-Calédonie

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Les espaces coutumiers

Dans la société kanak, la parole dit la coutume, régit les groupes sociaux et leurs relations. La parole s’ancre dans la terre qui inspire l’oralité. Cette référence comme repère de l’organisation sociale est commune à de nombreuses sociétés du Pacifique. La parole, dans différents registres comportant discours, récits, récitations et chants, exprime la place de l’homme dans son espace et dans son environnement. Le rythme des saisons ponctue ainsi le temps social, où les groupes se lient et se délient au fil des cérémonies traditionnelles (mariages, deuils, naissances). La relation intime entre société, espace et environnement, maintes fois énoncée dans les discours de la coutume, trouve aussi une expression plus discrète dans les trajets effectués par l’esprit des défunts pour parvenir au pays des morts. Toute cette géographie intriquée du présent et du passé, du naturel et du surnaturel, des vivants et des morts, a inspiré la définition d’aires coutumières, qui permettent aujourd’hui de reconnaître la spécificité des fonctionnements de la coutume kanak.

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Lieux, toponymes et organisation sociale

Chez les Kanak, le savoir sur les lieux a toujours revêtu une importance singulière. L’homme se définit par rapport à son espace résidentiel et la terre qui le porte lui octroie une légitimité selon sa position par rapport aux premiers ancêtres qui l’ont occupée.
L’espace, avec sa dénomination toponymique, est le support matériel où s’exprime la mémoire de l’occupation des lieux. Il n’y a pas une montagne, un rocher, un ruisseau, une ligne de crête, un trou d’eau, un site d’habitat ou une maison qui ne soit nommé et inclus dans ce savoir.

Du mythe à l’espace coutumier

Le mythe énonce la relation du groupe avec une puissance sacrée, issue des ancêtres. Dans l’aire paicî, le mythe Jèmaa, en langue paicî, fixe l’origine des clans et détaille les attributions sociales d’un groupe (pouvoir politique, thérapeutique, foncier). Notons ici que le terme pour désigner la base de la structure sociale est le « clan » et non la « tribu », vocable issu de la colonisation. Dans les langues kanak, le « clan » se détermine par l’affiliation que ses composantes reconnaissent à un ancêtre commun. Les mythes d’origine des clans se présentent souvent comme de courts récits qui évoquent le trajet géographique d’un ancêtre et qui le situent dans une double dimension : celle du sacré qui l’ancre dans le domaine des esprits et celle du social puisqu’au cours de ce trajet, l’ancêtre contracte des alliances avec d’autres groupes qu’il va intégrer dans ses références sociopolitiques.

Les aires coutumières

Les aires coutumières ont été esquissées par le statut Lemoine (loi du 6 septembre 1984) qui les nommait « pays ». Ces subdivisions culturelles spéciales, parallèles aux subdivisions administratives, ont bénéficié de plusieurs statuts fixant leur périmètre ainsi que leur mode de fonctionnement.
Depuis la loi organique du 19 mars 1999, elles font partie intégrante de la structure administrative de la Nouvelle-Calédonie. Aujourd’hui elles sont au nombre de huit, dont des représentants siègent au Sénat coutumier.

Mise à jour : 23 novembre 2020

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