Les populations et leur histoire - Vice-rectorat de la Nouvelle-Calédonie

logos du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, de la République française, et du vice-rectorat


Présentation de la Nouvelle-Calédonie

Les populations et leur histoire

Premier peuplement de l’archipel

Le peuplement Lapita

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Fragment de poterie Lapita
Département Archéologie- Musée de la Nouvelle-Calédonie

Au Sud de l’arc mélanésien, l’archipel calédonien aurait été peuplé pour la première fois, d’après les résultats archéologiques, entre 1100 et 1050 avant J-C., dans le cadre d’un peuplement que la linguistique définit comme "austronésien" et issu de l’aire de la Chine et de l’Asie du Sud-Est. Ces groupes austronésiens qui naviguaient sur des pirogues à balancier étaient des horticulteurs, fabriquaient de la poterie, des parures en coquillage et des outils en pierre polie, et ils créaient des villages en bord de plage qu’ils découvraient.
Il est probable que le peuplement se soit fait à partir du Sud du Vanuatu vers les îles Loyauté, puis la Grande Terre.

L’environnement géologique et écologique très différent a induit dès le début de l’histoire océanienne du pays, un processus d’enracinement spécifique des populations. Plus d’une vingtaine de sites Lapita majeurs, répartis aussi bien sur la Grande Terre qu’aux îles Loyauté et à l’île des Pins, sont connus à ce jour. Sur la Grande Terre par exemple, le peuplement semble s’être localisé aux estuaires des grandes rivières, face aux passes du récif, indiquant l’importance de l’accès à l’eau douce ainsi qu’à des terres cultivables.
Les données archéologiques montrent que durant plus de 200 ans -soit une dizaine de générations- les premiers groupes humains ont perpétué dans ces grandes lignes la tradition Lapita.
L’implantation des hameaux à proximité immédiate de la mer, donnait aux familles la garantie de pouvoir puiser dans les ressources marines pour leur subsistance. Mais ces découvreurs avaient également apporté sur leurs pirogues des plantes, dont des variétés primordiales de taros et d’ignames, ainsi probablement que des bananiers et de la canne à sucre.
En s’enracinant en Nouvelle-Calédonie, ces groupes ont développé des traits culturels qui leur devenaient propres. La population a augmenté et a commencé à s’établir un peu partout ailleurs sur la Grande Terre et les îles. L’essaimage de la population a eu des répercussions linguistiques. Si, lors du premier peuplement, les groupes implantés aux différents points de l’archipel parlaient des langues proches, au cours des siècles suivants, ces langues se sont différenciées, donnant la richesse linguistique qui caractérise encore aujourd’hui la Mélanésie et en particulier la Nouvelle-Calédonie.

Le premier millénaire après J.–C.

À la fin du premier millénaire de peuplement, des groupes étaient installés partout sur l’archipel et leur diversification linguistique et culturelle s’intensifia encore. Des évolutions qualifiées de majeures dans les traditions céramiques marquent le début de la période intermédiaire de la chronologie archéologique de l’archipel. C’est probablement au cours de cette époque que s’est fait le passage symbolique de mythes d’origine liée au premier peuplement, définis autour de récits décrivant une arrivée ancienne des familles en provenance d’autres îles, vers des traditions faisant sortir les groupes sociaux directement de l’archipel calédonien.

L’ensemble culturel traditionnel kanak

Les processus d’intensification horticole

L’émergence d’un ensemble culturel kanak, autrement dit de connaissances, techniques, savoirs et productions matérielles propres à l’archipel, a été le fruit de processus d’adaptation et d’expérimentations élaborées, au cours du premier millénaire après J.-C. C’est vraisemblablement une forme de pression démographique sur une terre qui se dégradait qui est à l’origine de la multiplication, sur la Grande Terre, de pétroglyphes dont l’une des fonctions était probablement de borner les espaces fonciers. Progressivement les horticulteurs vont passer de la pratique du brûlis à de nouvelles techniques plus intensives. Deux types principaux d’aménagements vont être développés sur la Grande Terre :

  • de hauts et longs billons de cultures pluviales pour la plantation de l’igname, tubercule sacré, symbole masculin et objet central des échanges coutumiers,
  • des champs en terrasses à flanc de colline en cuvettes, pour les cultures qui nécessitent une irrigation, principalement les taros, symbole féminin.

Le développement des pays kanak

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Hache ostensoir
Département Archéologie Musée de la Nouvelle-Calédonie.

La période entre l’an 1000 et les premiers contacts avec les Européens peut être caractérisée comme celle d’« ensemble traditionnel kanak » et elle est marquée par l’utilisation intensive du milieu. Cette intensification de l’horticulture est allée de pair avec une transformation de la structure sociale et aussi du système culturel au sens où l’entend l’archéologie.
De nombreux hameaux kanak vont être édifiés à proximité des sites de culture ; ils sont composés de 20 à 50 et même 80 cases implantées sur des tertres surélevés. Cette surélévation permettait d’isoler de l’humidité, mais aussi de matérialiser dans le paysage la hiérarchie sociale et politique des groupes de résidence. Pour tout une partie de la Grande Terre, les hameaux s’organisent autour d’une place collective appelée « allée centrale » à l’extrémité haute de laquelle était érigée l’autorité coutumière.

Les « chemins d’alliance » kanak

L’émergence d’un tel ensemble culturel a vraisemblablement permis de stabiliser les formations politiques kanak et leur territoire.
La mise en place de différents « pays » dans l’archipel est allée de pair avec l’apparition de nouveaux liens « coutumiers ». Ces alliances et ces solidarités nouées entre chefferies permettaient de préserver les équilibres sociopolitiques et ont progressivement constitué un maillage de réseaux coutumiers, « d’alliances » couvrant tout l’archipel.
La naissance, durant cette période et dans l’ensemble de la Mélanésie, de circuits d’échanges à longue distance, est allée de pair avec l’apparition d’objets à caractère symbolique. Par exemple en Nouvelle-Calédonie, la hache ostensoir devient l’objet d’échange par excellence.

L’impact des premiers Européens

C’est dans ce contexte de stabilité politique et culturelle, et de souplesse structurelle des sociétés kanak, qu’en septembre 1774, une première « pirogue sans balancier » apparut à l’horizon de la Grande Terre. Ces premiers contacts épisodiques avec les Européens vont introduire des maladies contre lesquelles les Océaniens n’étaient pas immunisés, comme la grippe, la rougeole et la tuberculose. Dès la fin du XVIIIe siècle, les groupes kanak semblent être touchés.
Au-delà de son aspect démographique, ce bouleversement déstabilise les organisations sociales et engendre des famines, qui elles-mêmes provoquent des conflits. Des groupes claniques de plus en plus réduits en nombre, fuyant les guerres et épidémies, ont alors quitté leurs anciens terroirs et créé de nouvelles chefferies.

Le début des années 1840 a été marqué par l’installation plus ou moins permanente dans l’archipel des tout premiers missionnaires chrétiens, qu’ils soient teachers protestants polynésiens, ou missionnaires maristes catholiques.

La prise de possession française de 1853, préalable au projet d’une colonie de peuplement, survint alors que les Kanak tentaient de trouver de nouveaux repères face à cette situation de crise.

L’exploration européenne et la colonisation (1774-1946)

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Capitaine James COOK

Une exploration et des premiers contacts tardifs avec les Européens

Au XVIIIe siècle, alors qu’il effectue son deuxième voyage dans l’océan Pacifique, James Cook arrive à Balade le 4 septembre 1774, inaugurant ainsi les premiers contacts mais aussi une découverte mutuelle souvent difficile des Kanak et des Européens. Il décide de nommer cette terre « New Caledonia ».
Après le passage de Cook, plusieurs navigateurs, français et britanniques, dont La Pérouse et d’Entrecasteaux, achèvent l’exploration des côtes de l’archipel.
Durant la première moitié du XIXe siècle des navires de tous genres, principalement anglo-saxons, n’hésitent pas à venir fréquenter les eaux néo-calédoniennes réputées pourtant dangereuses. Ce sont tout d’abord des chasseurs de baleines dès 1827 puis des santaliers à partir de 1841.
Parmi les équipages, certains marins s’installent, prennent une femme sur place.
Acceptés au sein des clans, ils sont souvent à l’origine des premières familles métisses de l’archipel.

Une double colonisation de peuplement (1853 - 1903)

Une colonisation libre marginale
Après la prise de possession du 24 septembre 1853 et la fondation de Port-de-France en 1854, le gouvernement français fait progressivement venir deux types de colons : les « libres » ont, comme leur nom l’indique, choisi sans contrainte de venir s’installer dans l’archipel. Quant aux « pénaux », ils sont d’abord venus y purger une condamnation doublée, pour la majorité d’entre eux, d’une obligation de résidence perpétuelle dans la colonie. Jusqu’en 1864, date de l’arrivée du premier convoi de transportés, les premiers immigrants sont avant tout des Anglo-Saxons.

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Port-de-France en 1864

Tout en mettant en place le bagne, le gouverneur Guillain (1862 - 1870) poursuit la politique de peuplement libre en faisant venir des planteurs de La Réunion qui développent la culture de la canne à sucre sans réussite durable. Les colons se lancent alors dans l’élevage extensif. Malgré différentes tentatives, la colonisation libre progresse peu, les pénaux étant deux fois plus nombreux, même après l’annonce par le gouverneur Feillet (1894 - 1903) de la fermeture du bagne. Le dernier convoi de transportés arrive en 1897.
À partir de 1926, le ministère des colonies renonce à encourager l’installation de colons français.

Une colonisation pénale prédominante
L’origine de la colonisation pénale est liée au décret de Napoléon III, en date du 2 septembre 1863, qui fait de la Nouvelle-Calédonie un lieu de transportation. Les condamnés sont tout d’abord des transportés dont les premiers arrivent en 1864.
Ces transportés sont à l’origine des premières infrastructures de la colonie. Le pénitencier dépôt est situé sur l’île Nou. Les condamnés ont, par la loi sur la transportation de 1854 la possibilité de se réhabiliter et de bénéficier d’une concession de terre. Viennent ensuite, après l’épisode de la Commune de Paris en 1871, de nombreux insurgés condamnés à la déportation. Ils séjournent soit à la presqu’île de Ducos, soit à l’île des Pins.

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Forçats (”Chapeaux de paille“) sur un chantier

Enfin, le 25 novembre 1885, la Nouvelle-Calédonie devient une terre de relégation pour les criminels et les délinquants récidivistes, dont le premier convoi arrive en janvier 1887. Ils sont répartis entre l’île des Pins, la Ouaménie et la baie de Prony.
Au total près de 25 000 transportés et relégués ont été envoyés en Nouvelle-Calédonie qui est officiellement désaffectée en tant que colonie pénitentiaire en 1931.
Cependant, ce sont principalement les familles d’origine pénale qui sont, avec les descendants libres, à l’origine du peuplement européen.

Le cantonnement progressif des terres
Les incidences de la colonisation pénale sur la population kanak sont dramatiques tant à cause du cantonnement sur la Grande Terre que de la mise en place de l’indigénat entraînant une crise démographique profonde, ainsi que des bouleversements culturels, qui expliquent en partie des révoltes.

Les conflits les plus importants sont la révolte de 1878 menée par le chef Ataï et celle de 1917 par le chef Noël. Outre les spoliations foncières, un ensemble de dispositions spécifiques, ou « indigénat », est mis en place en 1887 et prorogé jusqu’en 1946.

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Guerriers kanak au XIXe siècle

La Nouvelle-Calédonie dans la Première Guerre mondiale (1914 - 1918)

Le bataillon mixte du Pacifique dans la guerre

Le premier contingent des Néo-Calédoniens mobilisés dès août 1914 embarque sur Le Sontay, en avril 1915. Les engagés volontaires du Bataillon des tirailleurs indigènes du deuxième contingent partent en juin 1916.
Ils sont intégrés au Bataillon mixte du Pacifique, regroupant Néo-Calédoniens et Tahitiens. En tout, quatre contingents rejoignent la métropole de 1915 à 1917.

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Tirailleurs kanak avant leur départ pour l’Europe (1917)

De 1916 à 1918, les combattants du Pacifique participent à de nombreuses batailles : Verdun, Barleux, le Chemin des Dames, deuxième bataille de la Marne… 2 025 hommes sont partis rejoindre les 177 Néo-Calédoniens mobilisés sur place en métropole : 1047 d’origine européenne et 978 Kanak.
575 d’entre eux sont morts pour la France.

La révolte kanak de 1917

Les Kanak ont conscience de s’éloigner de plus en plus de leurs coutumes. Le problème des terres est toujours latent.

Les cinq mesures de l’Indigénat et les mesures de cantonnement les ont rendus méfiants. Aussi, depuis 1896, des troubles occasionnels touchent la région de Koné. En 1914, les chefs de Muéo, Témala, Hienghène et Tiwaka sont réunis par le chef Poindet Apengou et le sorcier Patéou pour un grand pilou de guerre. Finalement, le refus de certains Kanak de partir pour le front et la diminution des effectifs militaires incitent ces chefs à établir le calendrier des hostilités, lors de la dernière réunion à Tiendanite, fin 1916. Le 17 février 1917, des tribus pro-françaises de Koniambo sont attaquées par Noël, le petit-chef de Tiamou. À partir de ce moment, l’insécurité règne.

Les attaques de stations se multiplient à Pouembout, dans la haute vallée d’Amoa, dans la vallée de la Tipindjé. La révolte reste circonscrite au grand rectangle Hienghène, Poindimié, Muéo, Voh. La dernière action de Noël est l’attaque, le 9 septembre, du poste militaire de Voh. Aidée de permissionnaires néo-calédoniens et tahitiens, « l’expédition de pacification » se poursuit jusqu’à la mort de Noël, tué par une connaissance arabe.

La "belle au bois dormant" (1919-1945)

Le gouverneur Guyon (1925-1932)

Après la Première Guerre mondiale, la Nouvelle-Calédonie traverse une grave crise économique due à la diminution des ventes de nickel, à laquelle le Gouverneur Guyon, arrivé en 1925, essaie de remédier. En 1926 a lieu la dernière tentative de colonisation agricole de la Nouvelle-Calédonie avec les Nordistes (219 personnes) qui s’installent notamment dans la région de Gouaro (Bourail) pour cultiver le coton. Faute de moyens et d’organisation, cet essai échoue.

Le pays en effet n’échappe pas à la crise mondiale. Certains Néo-Calédoniens connaissent une grande misère. Le café et le coton ne se vendent plus.

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La récolte du café sur la côte Est dans les années 30

La vie quotidienne des Kanak

L’évolution s’accélère dans le monde kanak. Les cases rondes d’autrefois ont pratiquement toutes disparu.
Elles ont laissé place à des cases rectangulaires, aux toits de paille et aux murs de torchis. L’administration a créé des districts à la tête desquels elle a placé des grands chefs. Les petits chefs dirigent les tribus. Dans certaines régions, elle a nommé des chefs à la place de ceux qui existaient déjà.
Aux anciennes cultures, l’igname et le taro, se sont ajoutées de nouvelles : manioc, café, arbres fruitiers (manguiers, orangers, mandariniers). Les Kanak font aussi du coprah. Ils vont également travailler à l’extérieur, comme manœuvres, plantons, gardiens de bétail, moniteurs, infirmiers...

Ils ont été entièrement christianisés par les missionnaires protestants et catholiques. Le renouveau démographique témoigne que les Kanak ont ainsi intégré, non sans heurts, ces différents éléments extérieurs, tout en réussissant à maintenir l’essentiel de leurs traditions. Cependant, ils restent régis par les cinq mesures de l’Indigénat, cantonnés dans les réserves et soumis à l’impôt de capitation. Quelques anciens combattants engagés volontaires ont reçu la citoyenneté française.

La vie en brousse

La vie est rude pour les colons. Les habitations sont rustiques et les marchandises, fort chères, font souvent défaut. Seuls un travail acharné et une grande ingéniosité permettent un minimum de confort. L’électricité n’est accessible qu’aux plus riches, les fourneaux à pétrole et les fers à repasser à essence sont encore considérés comme un luxe.

Les communications sont difficiles en raison du relief de l’île et les familles sont donc isolées. Un quotidien, La France Australe, et un bi-hebdomadaire, Le Bulletin du Commerce, constituent la seule source d’information écrite locale mais il faut compter une semaine pour qu’ils parviennent à l’extrémité de l’île. Il faut attendre l’année 1937 pour entendre les premières émissions de Radio-Nouméa.

Une nombreuse main-d’œuvre asiatique

Le besoin de main-d’œuvre explique l’arrivée des Asiatiques en Nouvelle-Calédonie depuis la fin du XIXe siècle. Un premier convoi de contractuels japonais arrive pour le compte de la Société Le Nickel le 18 janvier 1892. À l’issue de leur contrat, ils ont été nombreux à s’installer, comme ils en ont le droit, pour faire du commerce, de la pêche, de l’agriculture, ou du maraîchage. Par ailleurs, deux colonies répondent favorablement à la politique d’immigration sous contrat : l’Indochine française et l’Indonésie hollandaise. Les premiers Javanais arrivent le 16 février 1896.

En 1929, trois ouvriers sur quatre sont Asiatiques. Après la guerre, en 1945, le gouverneur Tallec accorde la résidence libre à tous les immigrants entrés par contrat de travail. Leurs enfants obtiennent ensuite la nationalité française et s’intègrent à la société néo-calédonienne.

La vie s’organise dans la colonie

En 1937, sont appliquées les premières mesures du Front Populaire (loi des 40 heures et congés payés). L’année 1939 semble ouvrir de nouveaux horizons à la Nouvelle-Calédonie : un siège de député est sur le point de lui être accordé.

La Nouvelle-Calédonie dans la Seconde Guerre mondiale (1940 - 1945)

Le ralliement à la France Libre (1940)

Malgré les pétainistes, des comités sont fondés par les Néo-Calédoniens favorables aux idées de la France Libre. Le général de Gaulle envoie alors Henri Sautot qui vient d’obtenir le ralliement des Nouvelles-Hébrides. Il proclame officiellement le ralliement de la Nouvelle-Calédonie à la France Libre le 19 septembre 1940.

Nombreux sont les volontaires qui s’engagent dans le corps expéditionnaire du Pacifique (le Bataillon du Pacifique).
Les Néo-Calédoniens, les Tahitiens, les Néo-Hébridais constituent le Bataillon du Pacifique. Ils s’illustrent dans les sables du désert (Bir-Hakeim) et en Italie (Monte-Cassino) puis ils participent à la libération de la France après le débarquement de Provence. De nombreux Néo-Calédoniens servent également dans les Forces Navales Françaises Libres tandis que d’autres s’engagent dans les commandos parachutistes comme le SAS britannique.

Le temps des "Américains" (1942-1946)

Pour contrer l’avancée japonaise dans le Pacifique, les États-Unis font de la Nouvelle-Calédonie le pivot de la défense puis de la contre-attaque alliée. Le 12 mars 1942, un important convoi de 17 000 hommes, sous les ordres du général Patch, débarque à Nouméa qui devient alors le quartier général des troupes américaines dans le Pacifique. Des aérodromes sont aménagés (La Tontouta, Magenta, plaine des Gaïacs...). Des dépôts de munitions et de carburant occupent tous les docks disponibles.
Des centres hospitaliers sont installés à l’Anse-Vata, à la Conception, à la Dumbéa, au Nord de Bourail, sur la côte Est et dans l’extrême Nord.

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Le quartier général US, le "Pentagone", sur la plage de l’Anse-Vata (1943)

Quel bouleversement dans la vie monotone de la colonie ! Après une période de restriction alimentaire, voilà que sont distribués à travers toute l’île, chocolat, chewing-gum, coca-cola, glace (ice-cream) sans oublier le whisky !

Les Américains introduisent la mécanisation dans le monde agricole. Ils débroussent avec le bulldozer et plantent avec leurs engins mécaniques.

Des contacts ont lieu aussi avec les tribus. Les Kanak reçoivent des salaires payés en dollar jusque-là inconnu. À partir de 1944, le théâtre des opérations s’éloigne de la Nouvelle- Calédonie. L’année 1946 est marquée par le départ des derniers GI’S et le retour des volontaires néo-calédoniens.

La Nouvelle-Calédonie contemporaine (de 1946 à nos jours)

En 1946, la Nouvelle-Calédonie devient un Territoire d’Outre-Mer (TOM) ce qui entraîne des changements politiques.

L’entrée des Mélanésiens dans la cité (1946 - 1957)

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Maurice LENORMAND

En 1946-1947 deux associations confessionnelles sont créées l’UICALO (Union des indigènes calédoniens amis de la liberté dans l’ordre) et l’AICLF (l’Association des indigènes calédoniens et loyaltiens français). Celles-ci ont pour principale motivation l’amélioration des conditions sociales de leur population.
Grâce à leur poids électoral, elles aspirent, en outre, à leur représentation politique. Chose qui est obtenue, puisque le candidat présenté par les deux associations, Maurice Lenormand, est élu en 1951 député de la Nouvelle-Calédonie et des Nouvelles-Hébrides. En 1956 est fondé le Mouvement de l’Union Calédonienne, l’UC, premier parti politique de l’archipel. Il prône l’autonomie politique, la promotion de la personnalité calédonienne et la lutte contre les permanences du fait colonial.

Une décolonisation ratée (1957 - 1981)

En 1956, l’extension de la loi-cadre Defferre (1956-1957) instaure le suffrage universel et le collège électoral unique et favorise la promotion d’une élite locale.
Le but est d’accompagner les deux territoires (Nouvelle-Calédonie et Polynésie française) sur la voie de la décolonisation. Grâce à une intense activité politique, les élus de l’UC participent, de concert avec les organisations syndicales, à la révolution des esprits et à la transformation des structures sociales, économiques et administratives. La Nouvelle-Calédonie change d’ère. Quant au nickel calédonien, il devient un enjeu stratégique. Mais en 1958, le retour du général de Gaulle au pouvoir impose aux territoires du Pacifique un alignement total et inconditionnel. Et la loi Jacquinot (1963) vide et démantèle la loi-cadre et avec elle tout le statut d’autonomie. Avec le « boom du nickel », le besoin croissant de main d’oeuvre se traduit par une forte immigration tant métropolitaine que polynésienne. La population dans le Grand Nouméa explose et bouleverse les équilibres anciens.

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Une mine de nickel
source privée

Les Évènements (1981–1989)

Attisées par les revendications et les occupations de terre, les tensions sur le terrain s’intensifient. L’arrivée de la gauche au pouvoir inquiète les loyalistes tandis qu’elle fait naître l’espoir chez les indépendantistes. L’assassinat, jamais élucidé, de Pierre Declercq (1981), secrétaire général de l’UC, marque le début de la période dite des Évènements.
Le 24 septembre 1984, est mis en place le FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste) qui prolonge le Front indépendantiste créé en 1979. Le drapeau kanak est présenté aux militants et à la presse. Le 18 novembre 1984, en brisant l’urne de la mairie de Canala, Éloi Machoro symbolise le « boycott actif » des élections. À la suite, un déchaînement de violence contre les personnes et les biens va traduire une situation insurrectionnelle. C’est par analogie avec la situation algérienne que les médias ont repris l’expression des Évènements.
Pourtant sur le terrain, pendant cette période, c’est un affrontement physique direct, idéologique et armé, qui va opposer les deux camps antagonistes : les indépendantistes et les non-indépendantistes aussi appelés « loyalistes », menant à quelques 70 victimes civiles. Il faut y ajouter les milliers d’actes répréhensibles qui portent atteinte aux biens et aux personnes commis sur une durée de 93 mois.

Le temps des Accords (depuis 1998)

Les Accords de Matignon et d’Oudinot (1988)
Sous l’égide de Michel Rocard, les négociations entre les délégations du FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste) et du RPCR (Rassemblement pour la Calédonie dans la République) aboutissent le 26 juin 1988 à la signature d’un accord symbolisé par la poignée de mains entre Jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur.

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Les trois provinces nées des Accords de Matignon

Ces accords prévoient le découpage de l’archipel en trois provinces dotées de compétences étendues.
Un référendum d’autodétermination est acté pour 1998. La politique de rééquilibrage et ses multiples déclinaisons deviennent le maître mot aussi bien dans la formation des hommes avec le programme « 400 cadres » que dans des investissements structurants (transversale de Koné-Tiwaka). Les frustrations qui s’en suivent servent de catalyseur au réveil identitaire kanak.

Par une augmentation massive de ses transferts, l’État assume ses engagements. Une clef de répartition des finances locales, volontairement inégalitaire, est instituée. L’horizon politique dégagé et la paix revenue laissent envisager un développement qui se traduit par une fièvre immobilière et consumériste. En 1991, dans le but d’éviter un « référendum-couperet », Jacques Lafleur propose aux indépendantistes et à l’État, une solution consensuelle trentenaire. Mais la perspective de l’échéance fatidique de 1998 provoque lentement le raidissement de la situation.

L’Accord de Nouméa (1998)

Les négociations aboutissent le 21 avril 1998, à la conclusion d’un accord politique inédit dans l’histoire. Les signataires du FLNKS, du RPCR et de l’État s’engagent d’un commun accord sur la voie d’une décolonisation préparée, avec une série de transferts de compétences irréversibles dont celles, dites de souveraineté, qui donneront lieu à d’ultimes référendums au terme d’un processus de près de vingt ans.

L’Accord de Nouméa est fondé sur un préambule constitutionnalisé dont la reconnaissance des ombres et des lumières de la colonisation vise l’émergence d’un nouveau contrat social et civique entre toutes les communautés. Une citoyenneté de la Nouvelle-Calédonie basée sur un corps électoral restreint est créée. Elle promeut l’emploi local. Le congrès peut établir en dehors du parlement national un cadre législatif propre en votant des lois du pays ; un gouvernement, qui n’a pas de semblable au monde, est soumis à l’obligation de collégialité ; enfin, l’adoption de signes identitaires, aux côtés des emblèmes de la République française, achève de couronner cet édifice novateur.

La population calédonienne et les consultations référendaires

La première consultation sur l’accession de la Nouvelle-Calédonie à la pleine souveraineté a eu lieu le 4 novembre 2018. Le « Non » à l’indépendance a obtenu 56,67 % des suffrages, le « Oui » en a recueilli 43,6 %. Le taux de participation fut de 80,63 %.

La deuxième a été organisée le 4 octobre 2020. Le « Non » à l’indépendance a obtenu 53,26 % des suffrages et le « Oui », 46,74 %. Le taux de participation a dépassé les 85%.

La troisième a été organisée le 12 décembre 2021 et a vu la non participation des indépendantistes. Le « Non » à l’indépendance a obtenu 96,50 % des suffrages et le « Oui », 3,50 %. La participation à ce scrutin a été de 43,87 %.

L’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie

Face à la situation issue des trois consultations référendaires, des discussions se déroulent entre les différents partenaires intéressés par l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie. En juin 2023, le bilan de l’Accord de Nouméa et l’audit de la décolonisation ont été présentés. En septembre 2023, un projet d’accord autour de six grandes thématiques : le statut de la Nouvelle-Calédonie au sein de la République, les institutions locales, le corps électoral et la citoyenneté calédonienne (notamment en vue des élections provinciales de 2024), l’exercice de l’autodétermination, les compétences, les mesures économiques et financières et les mesures d’application de l’accord, a été exposé par le gouvernement français. La question du corps électoral est centrale dans les discussions entamées.

Mise à jour : 4 décembre 2023

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