Les évolutions du système éducatif en Nouvelle-Calédonie - Vice-rectorat de la Nouvelle-Calédonie

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La scolarité en Nouvelle-Calédonie

Les évolutions du système éducatif en Nouvelle-Calédonie

La scolarisation des indigènes

Ce sont les missionnaires catholiques sur la Grande Terre (la Société de Marie, 1843, Nord de la Grande Terre), et protestants aux îles Loyauté (London Missionary Society, 1840) qui s’attachèrent les premiers à donner l’instruction aux populations indigènes dans des conditions matérielles souvent précaires. Ils ont alphabétisé un grand nombre d’individus, appris aux femmes à coudre la robe mission et à cuire le pain marmite. Partout où elle est définitivement implantée, la mission catholique entretient une école ; à la fin des années 1850, ce sont 500 à 600 indigènes qui sont scolarisés entre les missions de Pouébo, Balade, Saint-Louis, La Conception, l’île des Pins. Le phénomène est similaire chez les protestants des îles où les missionnaires s’appuient sur les langues autochtones. L’enseignement laïque ne débute qu’avec l’arrivée du premier gouverneur en titre de la Nouvelle-Calédonie, Charles Guillain, en 1862. Le gouverneur, profondément anticlérical, veut soustraire les indigènes à l’influence « néfaste » des missions.

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L’école de la mission de Hienghène

Pendant la colonisation Feillet (1894-1903) peu de crédits sont octroyés aux écoles indigènes qui ont tendance à régresser. En 1903, il n’existe que 6 écoles laïques autochtones, dotées d’un unique instituteur et de 5 moniteurs contre 25 écoles laïques réservées aux Européens et dirigées par 40 instituteurs. Ce n’est qu’à partir du 27 septembre 1923, que les programmes des écoles indigènes sont soumis au contrôle de l’État et que surtout l’enseignement du français devient obligatoire. Jusqu’aux années 1950 et même jusqu’aux années 1980, les écoles confessionnelles restent largement les écoles des Kanak. Néanmoins, il faut insister sur la modestie des contenus offerts aux indigènes dans ces écoles. Avec la fin du régime de l’indigénat et avec l’obtention de la citoyenneté le 27 octobre 1946, les Mélanésiens peuvent enfin prétendre aux diplômes. À partir de 1947-1948, les réalisations en faveur de la promotion économique et sociale des Mélanésiens sont mises en oeuvre sous l’impulsion de l’État et grâce à des transferts provenant de métropole (F.I.D.E.S). En 1946, on compte 34 écoles publiques en tribu, elles sont 55 en 1952 et 61 sur uniquement la Grande-Terre en 1953.

L’enseignement des indigènes reste malgré tout rudimentaire : trois Mélanésiens obtiennent le certificat d’études primaires en 1950, cinq en 1951. Le premier bachelier kanak (Boniface Ounou) a été recensé en 1962. Les années 1970 sont un tournant pour l’enseignement public qui va affirmer son nombre sur le privé, bien que des lycées privés ouvrent : Blaise Pascal en 1971, Do Kamo en 1979. En 1970, 54% des enfants sont scolarisés dans le public et 46% dans le privé, en 1980, 65% des élèves sont dans le public pour 35% dans le privé. Le 1er janvier 1978, la loi Debré est appliquée en Nouvelle-Calédonie mettant les enseignements privés sous contrat. Lors des Événements des années 1980, s’ouvrent des écoles populaires kanak (EPK). Celles-ci vont disparaître petit à petit, suite aux Accords de Matignon. Le système scolaire se démocratise avec la signature des Accords de Matignon puis de l’Accord de Nouméa.

La scolarisation des Européens

Le gouverneur Guillain ouvre la première école en 1860. En 1909, l’enseignement devient un service distinct. Les Européens sont scolarisés en général dans l’enseignement laïque, mais sont également présents dans l’enseignement confessionnel : en 1920, 800 Européens scolarisés dans le privé pour 1 800 dans le public ; en 1950, 1 200 Européens sont recensés dans le privé pour 3 200 dans le public. En 1880, le conseil municipal de Nouméa décide de mettre en place l’école communale gratuite et laïque.

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École Frédéric Surleau, 1ère école communale gratuite et laïque

La direction de cette école est confiée à Frédéric Surleau par le maire Jean-Baptiste Dézarnaulds. La première rentrée des classes a lieu en février 1883 et concerne 198 élèves répartis dans quatre classes. Quelques temps après, Suzanne Russier ouvre la première école publique laïque destinée aux filles dans un bâtiment situé à l’emplacement de l’actuel hôtel de ville de Nouméa. Les enfants des colons libres fréquentent majoritairement les écoles publiques, dont le collège La Pérouse ; tandis que les enfants des libérés sont envoyés dans des fermes écoles souvent tenues par des missionnaires afin de leur assurer une « bonne éducation ». Les enfants y suivent un enseignement complet : ils y entrent à l’âge de 6 ans et doivent y rester jusqu’à 16 ans. On peut citer pour exemple l’internat de Néméara à Bourail, tenu par des Frères maristes et ouvert en 1878, et celui de Fonwhari à La Foa, tenu par les soeurs de Saint-Joseph de Cluny et ouvert en 1894, et qui préparent les fils et filles de concessionnaires à leur futur métier d’agriculteur. Ces institutions dépendent entièrement de l’Administration pénitentiaire.

On peut souligner l’importance des internats dans la scolarité des Néo-Calédoniens. Ceci est le fait de l’éloignement géographique des colons ou des concessionnaires, mais aussi le fait de vouloir donner une bonne éducation et de soustraire les enfants à leur milieu. Bourail apparaît ainsi comme un important centre de formation (frères canadiens du Sacré Coeur, frères maristes, internat privé pour les filles, écoles publiques…). En 1959, est ouverte la première école normale à Nouméa, aujourd’hui Institut de Formation des Maîtres. On notera une inégalité d’instruction selon l’origine géographique ou sociale des habitants. L’école ne devient réellement obligatoire pour tous qu’en 1957. Auparavant, elle n’était pas obligatoire si on habitait à plus de 2,5 km d’une école. Ceci explique que parmi les mobilisés de la Première Guerre mondiale, de nombreux broussards étaient analphabètes.

L’enseignement secondaire

C’est encore le gouverneur Guillain qui pose les bases de l’enseignement secondaire. Louis Flize et Michel Noëllat furent les organisateurs de l’enseignement du cycle secondaire. Louis Flize suscite pendant près de 30 ans les réformes indispensables pour doter la colonie d’un enseignement secondaire adapté à ses besoins particuliers. En 1886, le collège de Nouméa prend le nom de collège colonial. Il compte 54 élèves et 9 professeurs. En 1888, il change encore de nom pour devenir le collège La Pérouse, avec Louis Flize pour principal de 1889 à 1920. Le 31 juillet 1910, un décret instaure le Brevet de Capacité Coloniale donnant l’équivalence du baccalauréat. En 1912, le baccalauréat est organisé pour la première fois en Nouvelle-Calédonie.

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Collège La Pérouse, 1er collège colonial

À partir de 1919, sont accordées des bourses aux élèves européens du secondaire. Elles le sont aux Mélanésiens à partir d’avril 1951 grâce au gouverneur Cournarie. Il faut attendre l’autonomie acquise en 1957 et l’application de la loi cadre dite Defferre, pour que le secondaire prenne son envol sous la responsabilité d’un ministre local : Jean Leborgne.

Entre 1953 et 1958, les effectifs du secondaire augmentent de 50% et ceux du technique de 75%. En 1961, le collège La Pérouse et le collège Technique deviennent des lycées et un foyer des étudiants est ouvert à Paris. En 1963, une réforme du statut territorial supprime les ministères locaux. C’est à un vice-recteur nommé l’année suivante que fut confiée la responsabilité de l’enseignement. Suite à la signature des Accords de Matignon, on a vu s’ouvrir des lycées en brousse et à Lifou par mesure de rééquilibrage : Poindimié, Pouembout, Touho et Wé. Pour suivre la montée démographique, un nombre important de collèges publics sont construits dans le Grand Nouméa : les collèges de Kaméré, Normandie, Plum, Portes de fer, Païta, le GOD de Katiramona … En 1987 est ouvert l’Université française du Pacifique, qui devient l’Université de la Nouvelle- Calédonie en 1999. Le centre universitaire se répartit entre Magenta et Nouville. Il accueille 129 étudiants en 1988 et 1700 en 2001.

L’enseignement professionnel

Par l’arrêté du 24 août 1863, le gouverneur Guillain organise la première école professionnelle de Nouvelle-Calédonie. Celle-ci, créée en juillet 1862, située à Nouméa, est ouverte à tous les jeunes indigènes de la colonie. Mais elle sera fermée dès 1866 faute de crédits. Les enfants seront alors placés chez des colons (artisans ou petits agriculteurs) afin de continuer à apprendre un métier mais ils sont astreints à des leçons de lecture et d’écriture par la décision du 15 juillet 1866. Le gouverneur Guillain met aussi en place les fermes écoles pour les enfants de concessionnaires. Puis l’enseignement professionnel est délaissé, bien que les récits montrent une grande pratique agricole et artisanale dans toutes les écoles de brousse. En 1951, sont ouvertes les premières écoles professionnelles à Port Laguerre, Do Neva, Havila, Païta, Azareu et Nouville. La voie professionnelle continue à s’étoffer : ouverture du lycée professionnel Pétro Attiti en 1974, création en 1980 des ALP. Les formations professionnelles sont maintenant un enjeu majeur dans le domaine économique et social. Actuellement les nombreux établissements professionnels publics ou privés témoignent de l’importance de l’enseignement professionnel.

Mise à jour : 5 mai 2023

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